jeudi 21 juin 2007

ONCE UPON A TIME ...








Le numéro un français veut sortir le squash de son bocal
Sport jeune et rare sur le sol français, le squash cherche aujourd’hui à bousculer son image de loisir un peu chic et à s’imposer au plus haut niveau des compétitions jusqu’ici exclusivement dominées par les Anglo-Saxons. Un seul Français, Julien Bonétat, peut prétendre jouer sur le court des grands. Rencontre.
JULIEN BONETAT, vingt-deux ans, est le seul joueur français dans la courte histoire du squash tricolore à pouvoir prétendre glisser sa raquette au milieu des 15 meilleurs mondiaux. Né à Tours, il est tombé tout petit dans le bocal de verre où les joueurs de squash chassent la petite balle noire et ses rebonds fous. Depuis, il court le monde et les tournois pour imposer son style explosif dans un sport dominé de la tête et de la raquette par les Anglo-Saxons. Ce week-end, le jeune Tourangeau a posé son sac à Paris le temps du Trophée de la Mutualité française et s’est incliné, hier, face au numéro deux mondial, l’Australien Brett Martin, qu’il avait pourtant battu la veille.
Comment, à vingt-deux ans, devient-on champion de squash ?.
Il s’agit d’un parcours plus rare que le foot c’est vrai, mais on y vient de la même manière. Un père passionné de ce sport qui, à sept ans, vous met une raquette entre les mains et voilà. Il avait découvert le squash un an auparavant dans l’un des premiers clubs parisiens et en était devenu dingue. Il était charcutier et il a tout laissé tomber pour devenir prof de squash et propriétaire d’une salle, à Tours, en 1979. Il m’a donc entraîné et, vers treize ans, j’ai décidé de tout sacrifier pour le squash.
Sacrifier ?
Oui, enfin la notion de sacrifice à treize ans... C’était plutôt le plaisir d’enchaîner les voyages, les compétitions, d’être différent des autres gamins. Les études, évidemment, à côté c’était triste, donc le choix était vite fait. Puis tout s’enchaîne sans vraiment s’en rendre compte. A seize ans, j’ai fait deux mois dans un lycée sports-études mais ça n’allait pas. Donc, avec mes parents, nous avons décidé d’opter pour le squash à 100%. Il faut préciser que j’avais déjà eu quelques bons résultats et que je pouvais espérer progresser encore.
Vous gagniez votre vie à cette époque ?
Non, je n’étais pas encore sur le circuit pro. Mes parents m’ont aidé, pour les voyages, etc. Je suis passé professionnel à dix-huit ans.
Ça veut dire beaucoup d’argent, les limousines, les hôtel de luxe... ?
Non
(rire),
notre monde n’a rien à voir avec celui du tennis. Jusqu’à l’année dernière, j’étais classé 16e mondial. Depuis, j’ai dû être opéré de l’appendicite et j’ai chuté au classement. En étant 16e mondial, je gagnais ma vie mais sans plus. Je payais mes voyages et je vivais sans problème. Disons que les 10 meilleurs mondiaux gagnent de l’argent, les autres...
Quels sont les pays fréquentés par le circuit squash ?
Les grandes nations de squash sont les zones d’influence britannique. L’Angleterre évidemment et l’Australie, l’Afrique du Sud, le Pakistan, la Malaisie, l’Inde, le Canada, les USA, etc. Mais, en Europe, l’Allemagne vient très fort aujourd’hui. Nous en France, notre handicap c’est que le squash a d’abord été pensé comme un business et non un sport, des salles conçues un peu comme des « Gymnasiums » avec bar, sauna, etc. et les gens qui les fréquentaient n’avaient pas envie que ça change. Il y avait un « style squash ». Depuis peu de temps seulement, la fédération s’occupe réellement des jeunes, les pousse, paie les voyages pour aller aux compétitions. Les Britanniques ont ce sport dans leur culture, pas nous.
Le Pakistan reste la nation reine ?
Oui au niveau des champions, les Pakistanais restent toujours numéro un. Lorsqu’un d’entre eux prend sa retraite, un autre réapparaît. Mais l’écart de niveau faiblit. Ils ne sont plus intouchables.
Vous profitez de vos voyages pour faire autre chose que du sport ?
Bien sûr. J’aime beaucoup le rock des années soixante-dix et la littérature US, Fante, Harrison. Alors, lorsque je vais à New York, je recherche tout ça. Les ambiances, les couleurs. Dans les autres pays aussi, mais je suis jeune, j’ai encore plein de trucs à découvrir.
Le monde du squash a la réputation d’être différent de celui du tennis.
Le mode de vie, c’est certain.
C’est-à-dire ?
Disons que, dans les 20 premiers mondiaux, nous nous connaissons bien. Nous sommes vraiment potes. Ce n’est pas une poignée de main et hop, ciao bonsoir. Nous, après chaque tour d’éliminatoires, ceux qui restent sur le carreau font la fête. La grosse fête... On aime rire. Pas trop les Pakistanais, mais les autres sont tous de vrais lurons. Et puis, moi, par exemple, j’héberge deux joueurs australiens à Tours pendant la saison européenne. Ça leur évite de payer à chaque fin de tournoi des hôtels trop chers ou des billets d’avion. En plus, on peut s’entraîner ensemble. En Australie, je vais chez eux. Ce serait impensable dans le tennis pro.
Le squash a la réputation d’être un sport violent ?
Non, tonique oui, mais pas violent. Au début du squash en France, certains, j’en parlais tout à l’heure, ont cru faire de la pub en annonçant : « Voici enfin le sport qui, en une demi-heure, vous fait transpirer comme deux heures de foot ou de tennis. » De plus, c’était un sport citadin, donc les types, beaucoup dans le milieu des hommes d’affaires qui ne s’étaient plus bougé les fesses depuis le service militaire, se sont rués entre midi et deux vers les salles. Comme ce sport impose de bouger vite et tout de suite, des types se sont claqués. C’est physique certes, mais si vous savez démarrer à votre rythme il n’y a aucun risque. Et puis, vous vous amusez tout de suite. Pas besoin d’avoir un bon niveau.
FABRICE LANFRANCHI












DOPAGE : LE MINISTERE RECONNAIT


Dopage : le ministère reconnaît l’innocence de Julien Bonétat


Le ministère de la Jeunesse et des Sports vient de reconnaître l’innocence d’un sportif, le numéro un français du squash, Julien Bonétat, dix ans après qu’il fut condamné pour dopage, a-t-on appris auprès de son père et entraîneur, Jean-Luc Bonétat, qui dirige un club à Ballan-Miré, dans l’Indre-et-Loire. Contrôlé positif à la testostérone en mai 1989 lors des championnats de France, le jeune sportif, alors âgé de dix-sept ans, est accusé d’avoir pris des anabolisants. Il est suspendu pour un an, le 20 janvier 1990, par la Fédération française de squash. Une lettre du professeur Jean-Paul Escande, datée du 2 novembre 1990 et dont les Bonétat n’ont eu connaissance qu’en janvier 1999, disculpe formellement le jeune sportif et reconnaît sa production naturelle de testostérone. Muni de ce document, Julien Bonétat écrit, le 26 janvier dernier, à Marie-George Buffet, lui demandant une réhabilitation formelle du ministère. Le 2 février, dans un courrier signé du directeur des sports du ministère, Pierre Viaux, et adressé au directeur technique national de la fédération, il est clairement établi que "Julien Bonétat peut à bon droit se prévaloir de cette présomption d’innocence", ajoutant que le ministère, "pour sa part, le regarde comme innocent des faits de dopage".








Pour info, la liste reprise en début de page a été extraite du Squash Hand-book 95/96.

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